Au bout d’un moment, les joueurs remarquent que tous les villages que leurs personnages traversent sont les mêmes. Toujours les mêmes paysans, les mêmes auberges, les mêmes services, … finalement, le manque de description des zones rurales peut donner d’impression d’une espèce de sur-place entre les différentes cités. Alors que nous parlons depuis quelques temps de faire voyager nos personnages, rien de tel que quelques outils tout simple pour créer un décors un peu crédible. Donc, voici quelques pistes pour remplacer vos décors en carton pâte par un vrai village médiéval.
Hameau, village, bourg
Déjà, une première erreur à ne pas commettre c’est de ne pas appeler un chat un chat. Il faut distinguer trois lieux ruraux différents :
- Le hameau est une petite agglomération rurale constitué principalement de fermes ;
- Le village est une agglomération rurale plus importante que le hameau qui dispose d’un lieu de culte et de quelques rares commerces ;
- Le bourg est une agglomération rurale plus importante que le village qui dispose en plus d’un marché qui regroupe les villages alentours.
La différence est importante, car si les personnages arrivent de nuit dans un hameau un peu perdu, il risque de devoir demander le gîte et le couvert chez un paysan, alors qu’il y a de grandes chances qu’un village dispose d’une auberge et il se peut même que ce soit le seul et unique commerce du village.
Nombre d’habitants
Simplement, comptez quelques dizaines d’habitants pour un hameau, une petite centaine pour un village et un petit millier pour un bourg… Un hameau va compter deux ou trois familles de paysans et quelques ouvriers agricoles.
Implantation
D’un point de vue de la répartition sur le territoire, les origines de toutes agglomérations rurales sont les mêmes, si l’une se développe plus que l’autre, c’est parce que l’un va être plus proche d’une route fréquentée qu’une autre : en clair, au fin fond des bois, là où personne n’arrive (et ne vient par hasard), on ne risque pas de trouver un bourg. Les villages sont généralement espacés d’une dizaine de kilomètres entre eux, et la densité de village diminue à mesure où on s’éloigne d’une grande agglomération.
Les villages et les bourgs sont toujours à proximité d’une voie fréquentée, que ce soit une route ou une rivière. Pour rappel, le commerce fluvial existe depuis très longtemps ! De même, les ressources exploitées par les villageois se trouvent dans un rayon de 10 kilomètres maximum du village… sans ressource, il n’y aura pas de village. Il est important de noter que, lorsque la ressource locale se tarie, les habitants abandonneront leur village.
Les ressources du village
Parmi les ressources les plus classiques, nous retrouvons :
- La culture de céréales en plaine si les sols sont fertiles ;
- L’élevage en plaine, collines ou montagnes ;
- L’exploitation du bois à proximité d’une forêt ;
- L’exploitation d’une mine ou d’une carrière ;
- La pèche à proximité d’un cours d’eau, d’un lac ou en bord de mer ;
- Le gibier à côté d’une forêt particulièrement habitée.
Routes et voies navigables
Un hameau ne peut très bien n’être accessible que par une piste au travers des champs ou des bois. Les villages sont traversés par une route fréquentée, mais ils peuvent aussi se trouver aux bords d’un fleuve navigable.
Si vous décidez que le village est proche d’une voie navigable, toutes les installations nécessaires doivent être présentes : berges, pontons, … Il est possible qu’un péage ou un bac soit aussi installé sur la route principale qui peut être la propriété du seigneur local ou d’une guilde. Il est bien entendu la propriété de celui qui entretiens l’installation pour laquelle des droits de passage sont demandés.
Dans le cas d’un bourg, ils naissent généralement de l’évolution de plusieurs villages géographiquement très proches les uns des autres, par conséquent, il est possible qu’une telle agglomération se soit développé à un carrefour entre deux routes fréquentées.
Bâtiments et commerces
Un village va comporter environ 10 fois moins d’habitations que son nombre d’habitants.
Les bâtiments sont fabriqués avec les matériaux pouvant être trouvé à proximité : du bois et de la pierre. Un village forestier au cœur d’une forêt dense sera sans doute principalement construit en bois, alors qu’un village de montagne disposera de nombreux bâtiments en pierre.
Dans le cas d’un hameau, les fermes sont disposées au plus proche des terres cultivées. Pour les villages et les bourgs, la plupart des bâtiments suivent la route principale.
Dans le cas d’un village, il faut y ajouter aussi :
- un temple dédié à des divinités locales ou des divinités ayant un rapport avec les activités de celui-ci, par exemple, une divinité de la moisson si la ressource principale du village est la culture de céréales, une divinité des mers si c’est un village de pêcheur en bord de mer ;
- une auberges disposant de moins d’une dizaine de chambres ;
- moins d’une dizaine d’échoppe d’artisans, à étoffer selon les ressources locales, par exemple, il peut y avoir une très grande forge si une mine de fer se trouve à proximité du village, et quelques autres petites échoppes de moindre importance ;
- un poste de garde attribué aux patrouilleurs ruraux ;
- des installations communes indispensables à l’exploitation de la ressource du village : un moulin pour les céréales, des greniers à grains, une scierie, …
Dans le cas d’un bourg, on y retrouve les mêmes installations que dans un village, mais en plus grand nombre (2 ou 3 fois plus).
Le bourg dispose aussi d’une grande place sur laquelle se tient au moins une fois par semaine un grand marché sur lequel les paysans et les artisans des villages alentours se réunissent.
Dans tous les cas, un artisan sont toujours présents dans le village : le forgeron, non pas pour réparer les armes des personnages qui viendraient passer la nuit au village, mais pour fabriquer et réparer les différents outils métalliques nécessaire au travail quotidien : socs, faux…
Droit et justice
Les hameaux sont trop petit pour disposer d’une quelconque organisation politique, mais dans tous les cas, les agglomérations rurales dépendent du seigneur a qui les terres appartiennent. Dans quelques rares cas, les terres peuvent appartenir à une communauté rurale, et ainsi chaque fermier est propriétaire de ses terres. Par exemple, c’est le cas des Vaux dans les Royaumes Oubliés qui forment un ensemble de communautés rurales indépendantes, même si des seigneurs, comme Trystemine, habitent la région. Ils n’ont aucun droit sur les terres des paysans, mais ils n’ont pas non plus d’obligation.
Donc, dans les autres cas, les terres appartiennent au seigneur et il y collecte ses taxes et impôts, mais il a aussi l’obligation de protéger la population qui y vit. L’ordre est maintenu à la fois par la garnison du seigneur qui réside généralement dans le château voisin, et par des patrouilleurs ruraux et des gardes chasses qui ont plus une tâche de surveillance que de défense. Le château peut très bien se trouver dans le village ou le bourg, comme il peut se trouver éloigné de toute agglomération. Dans le cas d’une communauté paysanne, un conseil réunissant les habitants les plus influents dirige l’agglomération, il se peut même qu’ils donnent le titre de bourgmestre à l’un des membres du conseil qui sera chargé de représenter le bourg auprès des seigneurs locaux, des guildes ou des cités libres avoisinantes.
Autre villages, cités…
Dans un autre article, je réglais mes comptes avec la cartographie improbable d’un décors de campagne renommé, très peu de jeux sur ce point sont à mon sens assez réaliste, à l’exception peut être de Warhammer le jeu de rôles fantastiques (p 286 du premier livre de règles). En gros, les grandes cités sont espacées d’une bonne dizaine de kilomètres en moyenne (30 à 60 km) et le long des routes qui les relient, de nombreux villages s’y sont installés. Ces derniers sont espaces d’une petite poignée de kilomètres (2 à 10 km).
Illustration : photographie du village de Gordes dans le Vaucluse – photographie par Luc Viatour CC by-sa