Notre monde fourmille de légendes et de mythes. Chaque grande culture contemporaine ou passée véhicule dans son Histoire quantité de récits invérifiables et probablement fantaisistes évoquant l’existence et les exploits d’êtres et de choses hors du commun. Fruits de croyances, d’interprétations et de réinterprétations, ces légendes s’appuient sur un mythe ancré dans les esprits parfois comme une référence dogmatique. Il n’est pas difficile de trouver la place de nos mythes dans notre monde contemporain. Il l’est davantage d’en trouver un usage intéressant dans une partie de jeux de rôle et plus encore d’en concevoir un de toute pièce. Comme pour toute chose, il faut souvent comprendre comment elles se créent pour les rendre plausibles et concrètes dans un univers de jeu (à noter que cela vaut aussi pour le background d’un roman).
Naissance d’un mythe
Le mythe nait d’observations et de traditions forgées autour des grands principes universels. Une approche empirique du monde est à la source d’interprétations souvent erronées de la manière dont il fonctionne. Quand on ne sait pas que la Terre est ronde, il est difficile de comprendre le mécanisme de jour et de nuit, celui de la course du Soleil, celui de la course de la Lune comme autre chose que des phénomènes inexpliqués auxquels on donne une raison d’être. L’homme, de par la conscience qu’il a de lui-même et de son environnement, s’efforce de donner un nom et un sens à ce qui l’entoure. Cela lui est essentiel, car il veut se rassurer sur ce qu’il ne connaît pas.
L’imagination joue un rôle fondamental dans cette démarche. L’homme s’efforce de concevoir une construction mentale de ce qu’il observe. L’explication qu’il en tire n’est pas toujours la résultante d’une démarche scientifique. De fait, il se sert de ce qu’il connaît et invente ce qui lui manque afin de disposer d’une base cohérente et acceptable propre à apaiser ses craintes. Si l’on néglige le fait que la construction d’une telle explication n’est pas nécessairement le fruit d’un seul esprit, l’origine exacte d’un mythe ainsi créé se perd généralement dans les limbes de l’histoire. Le mythe se transmet par traditions. Il est enrichi par de nouvelles idées ou de nouvelles interprétations, mais conserve généralement ses principaux éléments structurants.
Le but de cet article n’étant de faire ni de l’histoire ni de l’anthropologie, il est inutile de détailler davantage le processus engendrant le mythe. Les sources traitant de ce sujet ne manquent pas. Ce qui nous intéresse vraiment ici c’est de savoir si cette expérience peut servir le propos des mythes dans un univers imaginaire de jeu.
Quel besoin de créer des mythes ?
La plupart du temps, entreprendre la création d’un mythe, ou même simplement user de ceux qui existent, n’a pratiquement aucun intérêt. Dans le fond, de savoir que Rhéa, l’épouse de Cronos, le Titan qui boulotait ses gosses, a fait manger une pierre à la place de Zeus pour sauver ce dernier n’aide pas spécialement le fermier à semer ou le guerrier à s’entraîner. Si l’on veut créer un mythe, on entrevoit globalement trois raisons de le faire :
- Apporter une touche de profondeur à l’univers de jeu que l’on met en place : le mythe est inscrit dans les traditions et les croyances. Ceux qui les respectent ont un mode de pensée spécifique et fondateur dans leur mode de vie. Le mythe justifie pourquoi certaines choses sont faites de telles ou telles façons. Tout un pan de la culture, voire même du langage et des expressions, dépend du mythe.
- Introduire des phénomènes ou des personnages mythiques : le mythe n’est pas toujours dénué de fondement. Une légende peut avoir été racontée, déformant les exploits d’un personnage réel ou exagérant un phénomène récurrent (même de très faible fréquence). Lorsque les éléments du mythe se confondent de façon troublante avec la réalité, celui-ci permet parfois de comprendre ce qui se passe ou ce qui risque d’arriver.
- Créer le monde : le mythe n’est qu’une portion d’une mythologie, elle-même interprétation libre ou s’appuyant sur une cosmogonie. Les mythes peuvent être à la base d’un univers et non uniquement l’illustration ou l’enrichissement culturel. L’effort créatif que sous-tend cet usage est toutefois beaucoup plus important.
Vrai ou faux ?
Par définition, un mythe est un récit non vérifié et peut-être même non vérifiable. Mais dans un univers ou le fantastique côtoie le réel, pourquoi devrait-il forcément être faux ? Les mythes puisent leurs racines dans l’observation. A partir du moment où une part de l’humanité observe un phénomène inexplicable mais non moins interprétable, l’imagination turbine et modèle une raison d’être à l’événement. Mais l’événement peut tout à fait être aussi surnaturel qu’il paraît et, par essence, garder cette composante fantastique comme une part de sa réalité.
En définitive, peut-on parler de mythe lorsque la source de ce dernier existe et est tout à fait identifiable ? Jusqu’à ce qu’il se révèle comme tel, oui. Dans Stargate, la cosmogonie égyptienne est un mythe jusqu’à ce que les Goa’ulds se révèlent. Beaucoup de trouvailles de la série SG1 sont même basées sur ce principe, en commençant par les Goa’ulds, les Asgardiens et par la suite les Anciens. Pour un joueur à la table de JdR, savoir que les mythes sur lesquels l’existence de la civilisation dans laquelle son personnage est né s’appuient sur des faits réels, risque de changer radicalement sa compréhension du monde.
Afin de pouvoir réaliser ce tour de force, il faut que le MJ sache de quelle nature exacte est le mythe, s’il est purement affabulé, ou dérive d’une version embellie de faits inexpliqués. Cette prise de position exige de savoir longtemps à l’avance de quoi il retourne, car à moins de déballer les poncifs un peu surfaits de la race mystérieuse, étrangère et cachée, modèle « deus ex machina », qui a marqué de son empreinte l’antiquité d’une civilisation, construire une origine à la fois fascinante et cohérente à un mythe n’est pas une tâche à prendre à la légère. La suspension de l’incrédulité de vos joueurs en dépend.
Fabriquer un mythe
Ou dans un sens plus large, fabriquer une mythologie, voire une cosmogonie, est à la portée de tous. Les choses peuvent parfois être absurdes en apparence, tant qu’elles sont cohérentes, elles passent… Plus ou moins : un disque-monde posé en équilibre sur le dos de quatre éléphants colossaux eux-même juchés sur le dos d’une tortue de mer géante traversant l’espace est une cosmogonie probablement moins crédible qu’un monde issue d’un chaos primordial d’où sorte deux entités, Gaïa la terre, et Ouranos le ciel qui engendreront toute la création. Et pour les astrophysiciens contemporains, cette dernière cosmogonie est moins crédible qu’une expansion phénoménale de matière dans un univers sans limite à partir d’un point de la taille d’un atome. Il convient toutefois de rester l’esprit ouvert. Une cosmogonie d’où l’on déduira une mythologie n’a pas besoin d’être plausible dans l’absolu pour être cohérente et donc, acceptable.
Le socle d’une bonne histoire c’est sa plausibilité. Si, dans le contexte de votre monde de jeu, elle paraît débile, c’est peine perdue. Elle sera probablement aussi risible que Terry Pratchett a bien voulu nous faire marrer avec la sienne dont la cosmogonie est d’ailleurs inspirée d’une véritable cosmogonie, la cosmogonie indienne (pas indienne d’Amérique, indienne d’Inde). Cette vision mystique restera à jamais peu crédible sauf si l’univers y croit. C’est cela qui contribue grandement à la crédibilité d’un univers. Les personnages qui y vivent, qu’ils y croient dur comme fer ou s’y réfèrent simplement comme un pan de leur culture, n’ont pas de doute sur le fait qu’une cosmogonie donnée explique en grande partie le fonctionnement de leur monde. Mieux, ils auront bâti leur existence en fonction de celle-ci et les courants religieux établiront des dogmes et des pratiques rituelles auxquels la cosmogonie établie donnera tout leur sens.
L’autre aspect important d’un mythe est qu’on lui associe souvent un enseignement ou une morale. L’histoire en elle-même est rarement intéressante si elle n’est pas porteuse d’un jugement de valeur significatif pour ceux qui y font référence. Dans une culture donnée, ce jugement fait parfois office de loi ou de justification. Dans l’antiquité grecque, certaines actions politiques ne pouvaient être menées que si les augures le permettaient. Soumis à l’autorité d’un dieu en particulier, l’absence de présage ou de signe signifiait l’absence d’assentiment de sa part. Or ces « signes » étaient interprétés en fonction des mythes qui avaient assis l’autorité de la déité sur la civilisation.
Quelle que soit l’approche pour concevoir un mythe, son intrication avec la culture est une composante essentielle de sa raison d’être. L’on peut soit partir de cette culture et chercher la façon dont elle fonctionne pour en déduire les mythes fondateurs, soit, à l’inverse, créer le mythe et en déduire la société qui s’y réfère. Dans les deux cas, il y aura certainement une forte composante mystique liée à ce mythe. Les sociétés modernes considèrent souvent les mythes pour ce qu’ils sont, alors que les sociétés antiques les prenaient parfois pour argent comptant.
Astuces de conception
Si vous en êtes à créer votre propre mythologie pour votre univers de jeu, vous aurez peut-être besoin de cette liste non exhaustive d’astuces et de conseils.
Commencez par quelque chose de simple
Les mythes sont assez simplistes d’un point de vue narratif. Ce ne sont pas des romans et ne comportent généralement que peu de détails. Ils relatent une histoire en évoquant à peine les tenants et les aboutissants. Certains mythes sont résolument passionnés donnant en cela une caractéristique très humaine à des entités qui ne le sont pas : la raison pour laquelle Zeus a autant d’enfants demi-dieux provient sans nul doute de son caractère volage et la jalousie d’Héra, son épouse, a donné lieu à de nombreuses réactions vengeresses de sa part. Ces motifs sont simples et faciles à comprendre. Il n’y a pas de complot ni de plan tordu dans la manière d’agir des dieux, à quelques rares exceptions. Par ailleurs, les mythes véhiculant des idées simples et fondamentales comme le bien, le mal, le jour, la nuit, le courage, la force, la ruse, etc. ils ne s’embarrassent pas de paraboles. Dans un premier temps, il est conseillé de ne pas chercher à faire une histoire complète et détaillée et de n’imaginer aucune motivation cachée aux mythes que vous mettez en place.
Le mythe ne se soucie pas de ce qu’il engendre
Vrai ou non, la source du mythe n’est pas influencée par les peuples qui se sont structurés autour. Même si le récit du mythe évolue, ce qui en est à la base n’en est pas dépendant. Lâchez-vous sur le récit mythologique et, de préférence, écrivez-le avant toute chose. Cependant si vous avez défini votre background avant son mythe fondateur, vous n’aurez pas cette liberté.
Inspirez-vous d’autres mythologies
Il existe des tonnes de ressources littéraires sur les mythes et légendes de notre planète. Vous serez tout à la fois surpris et comblé par leur exotisme et leur profondeur. Les mythes proches de nous (greco-romain), car abondamment illustrés dans l’histoire d’Europe et source de nombreuses oeuvres sculpturales, scripturales, poétiques ou liturgiques, sont le ciment de notre culture. Leur imagerie nous parle tout de suite. Mais à un continent de distance, les choses sont parfois très différentes et nous paraissent bien plus étranges. Piocher dans cette manne quasi inépuisable ne requiert que peu de recherches sur internet. Et peu importe si, à l’instar des mythes antiques, leur récit est fidèle ou non à la tradition car vous cherchez vous-même à inventer quelque chose.
Glissez subtilement des vérités fondamentales ou des enseignements incontournables dans un mythe
On retient un mythe pour son caractère exotique ou fantastique, voire fantasque, mais il peut aussi être le véhicule d’un enseignement concret applicable, voire appliqué, à toute une culture. Si votre récit mythologique raconte comment Chronos fut trompé par Rhéa son épouse, lui faisant manger une pierre en lieu et place de son fils Zeus, l’on peut y voir une morale sur la gloutonnerie et le côté aveugle de l’appétit incontrôlable du Père. Certains se serviront probablement de cet anecdote pour sermonner les plus jeunes ou les plus avides sur cet aspect de l’existence. L’enseignement ne pilote pas forcément la tournure à donner au récit mais peut être déduit de celui-ci. Remplir son texte d’allusion de ce genre en renforce nettement l’intérêt.
N’ayez pas peur d’être imprécis
Le récit d’un mythe est le plus souvent succinct, voire cryptique. Ne pas arriver à s’en faire une idée précise est une bonne chose. Moins il est explicable voire compréhensible, plus il est mystérieux. Ceci vaut bien sûr pour l’aspect « public » du mythe, celui que tout le monde connaît. Vous pouvez, de votre côté, en réaliser une version plus détaillée qu’il vous suffit de décliner à loisir. Pousser le vice jusqu’à l’évoquer par des textes poétiques abscons ou des images difficiles d’interprétation est un luxe non négligeable. Retenez quand même que cet aspect de la création, la représentation matérielle du mythe, est un effort énorme pour peu d’intérêt ludique.
N’ayez pas peur d’exagérer
La caractéristique d’un mythe étant d’être improbable, le fait qu’il échappe à la raison ne le rend pas moins valide en tant que tel, bien au contraire. Penser que le monde repose sur le dos de 4 éléphants hors de toute proportion est particulièrement exagéré. Bien évidemment, le gigantisme et l’absurdité d’un mythe n’est pas pour autant le garant de son inexactitude. Car si l’on se demande « et si c’était vrai », cela ne remettrait-il pas en perspective toute notre conception d’un univers ? Les fondations d’une cosmogonie basée sur une vérité sont d’autant plus difficile à avaler que la description de cette cosmogonie est énorme et dénuée de sens. L’exagération, dans ce domaine, est une arme redoutable pour faire passer le vrai pour du faux.
N’ayez pas peur de voir grand
Au-delà du caractère exagéré d’un mythe, si vous avez beaucoup de temps devant vous, offrez-vous la mythologie la plus complexe qui soit. Une mythologie hyper-développée est le signe d’une société complexe pour laquelle les points de vue divergent. Les mythes que l’on retient et que l’on tient pour importants dans une culture représentent une idée. Le foisonnement des idées et la diversité culturelle dérivent souvent de la multiplicité des mythes. Il en est ainsi du foisonnement pluri-culturel véhiculé par la mythologie grecque, élaborée par des peuples relativement différents lesquels choisissaient de rapprocher leur culture d’une divinité tutélaire en mettant en avant, voire en imaginant, toutes les qualités de celle-ci. La personnalité imaginaire des grandes figures de la mythologie grecque doit plus à cette approche qu’à un mythe fondateur communément admis.
N’ayez pas peur de perdre le contrôle
Si vous êtes imprécis, exagérateur et offrez une vue complexe de votre mythologie, il faut garder une chose à l’esprit : les joueurs en feront sûrement leur propre interprétation. Si cette interprétation vous semble fausse, ne les reprenez pas, laissez dire. A moins qu’ils ne vous le demandent, vous ne devriez ni avaliser ni réfuter leur vision. L’intérêt de la manœuvre est de créer du jeu. La raison pour laquelle vous mettez en place une mythologie est pour enrichir la toile de fond de votre univers. Quoi de mieux que de la voir enrichie à son tour par les joueurs qui, au travers de leurs avatars, vont défendre des idées ou entretenir des désaccords sur ce seul sujet ? Discuter mythologie, religion ou philosophie dans une partie, à moins que cela en soit le sujet, n’est pas un but en soi. A partir du moment où la possibilité est offerte et appuyée par un background solide, elle devient un excellent tremplin pour générer des rebondissements et des conflits. Qui sait si un désaccord mythologique ne sera pas la source d’un changement majeur dans la société qui aura pour effet de modifier le sens premier d’un mythe ?
Laissez des ouvertures
Dernier point important : éviter de conclure de façon définitive les récits mythiques. La plupart des mythes se servent de l’immortalité ou de la résurrection pour bannir le côté irrémédiable de certains concepts. Quand bien même la mort de l’un de ces héros mythologiques serait mis en scène, il reste suffisamment de choses durables et persistantes parmi celles qui résultent de ses actes pour qu’on n’oublie pas qui en est l’instigateur. D’autres récits se contentent de laisser dans le vague des périodes de l’histoire d’un personnage mythologique, évoquant sa disparition plutôt que sa mort, ou son départ pour une réalité inaccessible d’où il reviendra peut-être un jour. Toutes ces portes ouvertes sont autant de points d’entrée pour enrichir l’histoire de ces mythes, et se permettre de rajouter à tout moment un épisode caché de leur trame selon les besoins.
Comment en jouer ?
Un mythe que vous avez créé est un peu comme un scénario de jeu de rôle de votre conception. Il y a des pans entiers de votre travail qui peuvent ne jamais arriver aux oreilles des joueurs et il ne faut pas en être frustré par anticipation. Si vous avez pris garde à créer un mythe pour vous en servir et non juste pour faire joli dans la toile de fond de votre univers, il ne faut pas forcer la main aux joueurs à votre table. La découverte du background (car ce n’est en somme rien d’autre que cela à la base) doit se faire à leur rythme et non au vôtre.
Évitez le menu
Si vous présentez pour la première fois à des joueurs votre univers, il y a peu de chance que la mythologie soit la première chose à leur décrire. Cela ne les aidera pas à comprendre la ou les sociétés et communautés qu’ils vont fréquenter. A moins que la mythologie soit à ce point ancrée dans la culture qu’elle en est indissociable, vous ne ferez que fournir des éléments sans intérêt pour décider de la jouabilité immédiate d’un personnage.
Avec parcimonie, sans jamais dire la « vérité »
L’un des meilleurs usages que vous puissiez faire d’un mythe est de rester systématiquement incomplet, nébuleux et imprécis lorsque vous l’exposez. Les PNJs qu’il rencontreront et les livres que les PJs découvriront pour savoir de quoi il en retourne ne présentent, somme toute, que des interprétations et des points de vue. Les auteurs ou les conteurs ont tous tendance à teinter ou orienter le récit à leur avantage, omettant volontairement ou non les détails qui leur paraissent superflus et ajoutant ou inventant parfois de nouveaux éléments qui leur paraissent plaisants. Les PJs seront donc naturellement exposés à plusieurs versions d’un même mythe et au-delà de la véracité du mythe en lui-même il sera impossible de cerner la meilleure.
Un bakground historique sans conséquence
Dans les cultures où la connaissance et le savoir sont bien répartis, les mythes sont souvent « unifiés ». C’est à dire que les variantes les plus connues sont exposées mais tout le monde s’accorde sur une même version et ceux qui s’en écartent sont rapidement corrigés par leurs pairs. Mais cette approche, résolument anthropologique, est l’apanage d’une société modernisée qui met beaucoup plus de côté la plausibilité d’un mythe pour se concentrer sur son impact sociétal, comme c’est le cas dans notre culture moderne. Les visions parfois imagées que l’on se fait des mythologies proches de nous confine à la high-fantasy (Percy Jackson et le Voleur de Foudre, Le Choc des Titans, La Colère des Titans, Les Immortels, Gods of Egypt, etc.).
La source d’une énigme séculaire
Lorsque le mythe s’appuie sur le réel en le déformant, il n’est pas rare que, des générations plus tard, des curieux découvrent quelques troublantes correspondances entre l’Histoire et la Mythologie. Prenant parfois de grossiers raccourcis pour développer une hypothèse, ils peuvent découvrir les mystères qui se cachent au coeur des légendes et même parfois toucher du doigt la « vérité ». C’est typiquement le contexte dans lequel l’on découvre le Mythe de Cthulhu dans le jeu éponyme. Mais l’on rencontre ce ressort dans beaucoup d’autres oeuvres : Indiana Jones est de ces aventuriers, courant après les mythes bibliques pour, précisément, les toucher du doigt. A tout moment, un mythe peut ainsi faire surface et devenir plus qu’un récit sans fondement, servant d’assise à une campagne entière.
Les secrets de la création
C’est l’étape ultime du développement d’un mythe au travers d’un usage dans lequel le mythe et la création de tout ce qui existe sont inextricablement liés. Les jeux à secrets comme Cthulhu dans une moindre mesure ou ceux de la gamme du Monde des Ténèbres sont appelés à révéler peu à peu la véracité de leurs mythes, non seulement parce que ceux-ci sont basés sur des vérités incontournables mais aussi parce que la réalité du mythe prendra tôt ou tard le pas sur les siècles de sédiments culturels qui en ont nié l’existence.
En conclusion
Les mythes, la mythologie dans son ensemble et la cosmogonie d’un univers ne sont pas une nécessité pour forger un univers de jeu, mais juste un plus. Le travail de création nécessaire à l’établissement d’un ensemble de récits mythologiques cohérent ne vaut que si l’on a l’intention de s’en servir à court (comme assise d’un scénario) ou à long terme (dans la toile de fond d’une campagne). En simple élément de décor, il s’agit d’un luxe, mais si l’on change d’avis un jour, il vaut mieux en avoir une depuis le début sans quoi l’arrivée soudaine d’une mythologie jusque là inexistante ne passera pas inaperçue. Dans tous les cas, cet élément de background, s’il est à la mesure de votre univers, jouera un rôle important pour le réalisme culturel de votre monde.
Crédits photographiques : Persé (Harry Hamlin) dans le film Le Choc des Titans (c) 1981 MGM