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Donjons et Dragons… déjà 42 ans !

Temps de lecture : 5 minutes

Au début des années 70, Donjons & Dragons n’est toujours qu’un wargame permettant de simuler des combats fantastiques. Très vite, ses auteurs, Dave Arneson et Gary Gygax, modifient le jeu pour le transformer entre un mélange de jeu de plateau et de wargame : le but n’est plus d’opposer deux armées sur un champ de bataille mais de faire descendre tous ces héros dans les méandres d’un sous-terrain ou de leur faire explorer une ruine… c’était il y a 42 ans et la toute première version de Donjons et Dragons venait de sortir !

Du Porte-Monstre-Trésor au jeu de rôles

Et c’est ainsi que Donjons & Dragons devient le premier jeu de rôles…

Édité en janvier 1974 par leur propre entreprise : Tactical Studies Rules qui se fera mieux connaître derrière ces trois lettre : TSR, le jeu proposait donc aux joueurs d’explorer un donjon, d’en déjouer tous les pièges et adversités sous l’arbitrage d’un maître de donjon impartial.

Les règles d’origine

Les personnages sont définis par six caractéristiques et une classes qui vont déterminer tous les paramètres du jeu : chance d’enfoncer une porte, modificateur à la classe d’armure…

La plupart des actions possibles proviennent uniquement des valeurs de la fiche de personnage, laissant peu (voir pas) de latitude aux joueurs et aux maîtres de jeux pour se lancer dans des actions sortant un peu de l’ordinaire.

Le système de jeu se révèle être des plus « fouillis » : pour chaque action une règle et un système différent (un jet de pourcentage pour tordre un barreau, un jet de D20 pour défoncer une porte, un coup on doit faire plus, un coup on doit faire moins…). Le tout se résumait à l’élaboration de stratégie pour pilier le donjon, récupérer des points d’expérience et de l’or.

Une première évolution

Face à la complexité du jeu, TSR transforma l’ancienne édition de Donjons & Dragons en deux versions distinctes : la première version gardera le nom Donjons et Dragons et propose des règles simplifiées de son aîné, décomposée sous forme de plusieurs boîte contenant tout ce qu’il faut pour commencer… la fameuse boîte rouge proposant tout ce qu’il faut pour jouer des personnages entre le niveau 1 et 3, …

La seconde version, Advanced Dungeons & Dragons, ne vise pas le même public en reprenant les règles de l’ancienne édition avec de nombreux ajouts (des classes comme l’assassin, le moine) et une plus grande ouverture… Le décors se plantait : il n’y avait plus un donjon au milieu de nul part, mais des villages, des villes, des régions, pays, empires, continents… Les personnages pouvaient évoluer dans un monde complet, le décor de campagne, et surtout vivant. Greyhawk fût le premier, suivit des Royaumes Oubliés et bien d’autres.

La fin des donjons ?

Cet évolution apporta aussi une nouvelle façon de jouer : les joueurs et maîtres de jeu commencèrent à jouer ce qui pouvait se passer entre deux aventures, le terme choisi est en fait reprit des wargames : le jeu en campagne était né !

Il y avait maintenant quelque chose autours des lieux d’aventures, des pays, royaumes, autres personnages… Petit à petit, les règles se tournait vers ces nouveautés, les personnages n’ont plus seulement des capacités qui leurs permettent de tirer leur épingles du jeu dans une quête ou l’exploration d’un donjon, mais aussi des capacités plus communes : l’artisanat, les connaissances… bref, le jeu était réellement devenu un jeu de rôles et plus un simulateur d’exploration de donjons

Par la suite…

L’édition Avancée de Donjons et Dragons a connu en tout trois éditions. Les éditions successives n’ont presque rien changé dans le fond du jeu, des ajouts multiples sont permis d’améliorer le jeu, mais le rendant de plus en plus fouillis.

Les couvertures de D&D de 1974 à 1989
Les couvertures de D&D de 1974 à 1989

AD&D2 édition révisée

La dernière édition en date, Advanced Dungeons & Dragons 2 révisée a apporté un gros changement grâce aux Player’s Option qui permettaient d’apporter plus de souplesse dans la création du personnage et la sélection de la classe, mais aussi dans la façon dont les combat étaient gérer (en ajoutant des règles gérant mieux les figurines et les plateaux de jeux).

Le nombre de volume devenant totalement ingérable… il était grand temps de faire table rase.

D&D, Donjons et Dragons

Donjons et Dragons a quant à lui très vite disparu, avec de courtes rééditions, et des versions plus orientées initiations que réel jeu de rôles. Au fil du temps, ce jeu c’est trop simplifié, d’ailleurs, les dernières éditions se rapprochaient plus d’un jeu de plateau que d’un jeu de rôles.

La troisième édition

Après le rachat par Wizards of the Coast, la refonte du système de règle a été accélérer, en reprenant des idées des Player’s Options (la modularité des classes par les dons), et en ressortant de la poussière certaines classes et races disparues dans la seconde édition comme l’assassin, le demi-orque…

Finalement, la troisième édition a beaucoup dépoussiérer un système qui n’avait pas sût s’adapter aux exigences des joueurs modernes. La classe détermine toujours la majorité des paramètres (talents de combat, points de vie, capacités magiques…), mais beaucoup d’autres sont gérés par des compétences ou des dons pouvant être achetés librement par le joueur. Ainsi deux guerriers ne se ressemblent pas forcément, même au premier niveau.

Quelques années seulement après, une version révisée de D&D3 est publiée simplement sous le nom de D&D3.5… sans gros changements, quelques éléments sont repensés et rééquilibrés, rien de vraiment marquant en somme.

Cette troisième édition apporta une petite révolution avec elle : le System Reference Document, une version open-source des règles de Donjons & Dragons que n’importe qui pouvait utiliser pour sa création ludique s’il respectait la licence libre Open Gaming License. D&D3 connaîtra donc un nombre impressionnant d’œuvres dérivées regroupée derrière le logo D20 SYSTEM, des jeux utilisant le même système pour des univers très éloignés du médiéval fantastique comme par exemple Star Wars D20, … il y aura même un Call of Cthulhu D20 !

Quatrième édition ????

Je ne m’étendrais pas trop sur la quatrième édition qui pour moi a été un gros ratage… dans une envie de rendre le jeu plus accessible et plus moderne, le jeu mute vers quelque chose de plus orienté jeu de plateau avec un forte logique à la combo. D’un côté, une partie de la communauté de joueur se tourne vers le jeu qu’ils considèrent comme le vrai successeur de Donjons et Dragons : Pathfinder, qui sera surnommé D&D3.P.

Et maintenant ? Donjons et Dragons 5

Sorti assez récemment, Donjons et dragons 5 n’est disponible qu’en version anglaise. Il revient à une version plus proche de D&D3, mais largement simplifiée : les compétences sont limitées, moins de dons… ces simplifications permettent d’avoir un jeu plus fluide et plus simple à gérer, le nombre d’options possibles dans D&D3.5 ayant fortement allongé le temps de création d’un personnage.

Depuis mi-janvier, Wizards of the Coast propose une version Open Gaming License des règles de D&D5… deux éditeurs français sont sur le coup pour proposer leur vision de D&D. Les campagnes de financement participatifs sont en cours ! Toutefois, ces deux versions ne seront pas des traductions de Donjons et Dragons, mais des jeux de rôles indépendants basés sur le SRD, en somme, rien de neuf, nous retrouverons sans doute la même production alternative pour D&D5 que pour la troisième édition.

D’un côté de la traduction des règles elles-mêmes, les règles Basic, permettant de découvrir le jeu sont disponibles gratuitement en PDF depuis la sortie de D&D5 et sont disponibles en français sur le site AideDD. Pour la traduction de l’ensemble des manuels de D&D, il n’y a toujours pas d’informations !


Crédits photographiques : This is where it began – Wil Wheaton – CC by-nc-sa

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