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Les effets de la privation

Temps de lecture : 7 minutes

Nos personnages sont des êtres vivants, mais étrangement, il est rare que les joueurs et le maître de jeu prennent en compte le fait qu’ils aient besoin de boire, manger, dormir, … bref, on part dans un donjon avec une poignée de rations de survie, une gourde et en avant ! Avant de partir à l’aventure, et surtout vers l’inconnu, il est nécessaire que les personnages prévoient ce qui sera nécessaire à leur survie lors de leur périple.

D’un point de vue scientifique

Si nous faisons confiance à la règle de 3 de David Manise, il est possible de tenir 3 semaines sans manger et 3 jours sans boire. Pour le sommeil, les temps maxima enregistrés atteignent les 11 jours. Le temps qu’une personne tiendra sans manger dépend bien entendu de sa carrure et de son organisme, mais aussi de ses activités : il est tout de même rare qu’un personnage en pleine aventure ne fasse rien, il aura beaucoup de mal à tenir une longue période de privation.

Bonus, malus, …

Dans cette aide de jeu, les bonus et malus seront indiqués par une valeur en pourcentage, à vous donc de l’adapter à votre jeu de rôle.

La privation de sommeil

La première forme de privation que les personnages risquent de vivre dans leur quotidien d’aventurier est la privation de sommeil. Quelle soit totale ou partielle, un personnage qui subit une privation de sommeil sera difficilement dans l’action, un peu plus lent à la détente que d’habitude, bref, la fatigue sera toujours présente et attention sera plus que limitée.

La privation totale concerne une action continue supérieure à un temps moyen d’activité, si le personnage passe une journée complète d’activité, alors il est possible de considérer qu’il a subi une privation totale de sommeil, commencez à compter son temps d’activité total (en heures). La privation partielle est assez différente puisque le personnage s’est quand même endormi un temps, mais il n’a pas eu l’occasion de passer dans la phase de sommeil la plus récupératrice, c’est à dire, la phase de sommeil paradoxal. Pour rappel, un cycle de sommeil dure environ 90 minutes et il comporte une phase de somnolence, une phase de sommeil léger, une phase de sommeil profond, puis une phase de sommeil paradoxal… Il paraîtrait que Michaël Jackson est mort d’un manque de sommeil paradoxal qui a duré une soixantaine de jours, cette phase d’activité cérébrale intense est impliquée dans des processus cérébraux importants.

Durées

La durée maximale sans sommeil est de 11 jours, attesté par Randy Gardner en 1965 qui a tenu 264 heures sans sommeil. Un chinois avait tenté le même défi en regardant à la suite tous les matchs de l’Euro 2012 sans dormir… après 11 jours, il s’est endormi et ne s’est jamais relevé (peut-être à cause de sa consommation d’alcool, de nicotine, … ou peut-être une overdose de football !).

La plupart des gens tiennent difficilement au-delà de 72 heures d’activité continue.

Effets

Les effets de la privation de sommeil sont nombreux :

  • Des troubles de l’humeur : grognon, irritable… à la limite, ça ne change pas de la compagnie d’un nain !
  • Instabilité psychomotrice : ça commence à devenir compliqué pour un combat ou une acrobatie
  • Troubles visuels : des halos aux hallucinations, …
  • Troubles somesthésiques : fourmillements, picotements, démangeaisons, …
  • Troubles auditifs : échos, impression de bruits lointains, …
  • Pensée désorganisée : lenteur de réflexion, difficulté d’expression, mémoire à court terme défaillante, …
  • Syndrome végétatif : tachycardie, fièvre, céphalées…
  • Perception temporelle modifiée

Risques

Comme précisé en introduction, une trop longue période sans sommeil paradoxal peut entraîner la mort à long terme. Couplé à d’autres maux ou à une très mauvaise hygiène, les effets seront beaucoup plus importants et ils pourront aussi entraîner la mort.

En terme de règles

Un personnage qui subit une privation de sommeil subira un malus de -10% par période d’activité (6h) au delà des deux premières périodes d’activité à ses jets :

  • à partir de 2 périodes d’activité (12h) à tous ses jets sociaux (premier stade : troubles de l’humeur) ;
  • à partir de 4 périodes d’activité (24h) à tous ses jets physiques et de perception (second stade : instabilité psychomotrice, troubles visuels, troubles auditifs) ;
  • à partir de 6 périodes d’activité (36h) à tous ses jets mentaux (troisième stade : pensée désorganisée, syndrome végétatif) ;

Le personnage devra alors accomplir 2 cycles de sommeils (3h) pour récupérer d’une période d’activité. Tant que le personnage disposera d’une période d’activité non récupérée par son sommeil, le comptage des périodes d’activité reprendra de plus belle.

Exemple : Axel vient de passer 32h sans dormir pour guetter la venue des secours, il subit un malus de -10% pour chaque périodes au delà des deux premières : soit -40% sur tous ses jets sociaux, physiques et de perception (32h – 12h pour les deux premières périodes non comptées, soit 20h, qui donnent 4 périodes de privation de sommeil). Les secours arrivent, le sortent de là et il se repose 6h dans l’hélicoptère qui l’amène au quartier général. Il ne subit plus qu’un malus de -20% pour deux périodes sur ses jets sociaux uniquement. Il est renvoyé aussitôt en mission, et passe 12h à conduire une jeep pour se rendre sur le lieu du crash d’un OVNI, après 6h de route, il subit un malus de -30% à ses jets sociaux, physiques et de perception… attention donc à ne pas finir dans le décor… prudent, il s’arrête sur le bord de la route pour récupérer quelques heures.

Si l’un des cycles de sommeil est interrompu, c’est à dire qu’il ne peut aller au terme des 3h (événement pendant un tour de garde…), ce cycle sera annulé pour sa récupération, mais il n’entraînera pas un malus de période d’activité.

Exemple : La tête sur le volant de sa jeep, Axel est éveillé après deux heures de sommeils par un flash et une détonation à l’horizon en plein désert. Il garde son malus de -30%, mais ces trois heures la ne compteront pas pour un temps de privation de sommeil.

Le maître de jeu peut décréter qu’une action va être particulièrement éprouvante et qu’elle peut augmenter le malus de -5%, de même, l’utilisation d’une boisson énergisante, le stress où tout autre action permettant le maintien en éveil peut réduire ce malus de +5%. Le maximum qui pourra être augmenter ou réduit de cette façon est de 15%.

La privation de nourriture

Les études modernes sur la diététique nous permettent de mesurer avec exactitudes les apportes nécessaires en énergie pour n’importe qui selon les activités qu’il a à réaliser. Un être humain a besoin en moyenne de 2500 calories par jours, besoin à estimer selon les activités quotidiennes, et oui, être assis derrière un bureau et se déplacer en voiture demande moins d’énergie que courir en cotte de mailles dans une forêt et brandir une épée de 6kg pour un combat contre un troll. Le corps humain dispose de réserves… en cas de privation de nourriture, l’organisme ira puiser dans les graisses pour ses besoins, puis dans le reste… là, c’est moins bien.

Effets

La privation de nourriture va entraîner la faim, une faim souvent incontrôlable… si la privation se poursuit, l’épuisement commencera à se faire sentir, accompagné de troubles mentaux, de difficultés de compréhension, de crises d’anxiétés, … bien entendu, la perte de poids est très rapide.

Durée

Les manuels de survie fixent la durée maximale d’une privation de nourriture à entre 3 semaines et 30 jours. Le record a été établis lors d’une expédition ukrainienne qui avait pour but de mettre en évidence les effets de privations de nourriture et d’eau sur le corps humain et les limites de survie sur un bateau. Ce record est de 40 jours, nous en reparlerons un peu plus bas…

Risques

Se priver de nourriture est peut-être moins grave que les autres privations, s’il ne se passe rien d’autre ! Toutefois, une fois toutes les réserves personnelles consommées (les graisses), les nutriments sont puisés dans l’organisme, ce qui va entrainer une très rapide dégénérescence pouvant entraîner la mort.

En terme de règles

Pour chaque repas manqué, le personnage doit réussir un jet de constitution ou de volonté (ou toute autre caractéristique ou compétence existante dans le jeu) pour résister à la faim. S’il échoue, il aura faim… Sa faim s’amplifiera pour chaque repas manqué et elle occupera toute son attention (difficulté à trouver le sommeil, difficulté de concentration). Toutes les activités mentales seront accompagnée d’un malus de -5% pour chaque repas manqué… Après 5 jours de privation de nourriture, le personnage commencera à perdre du poids, chaque jour de privation réduira une caractéristique physique de -5% (si elles sont évaluées sur 100, donc -1 si elles sont évaluées sur 20). Après 15 jours de privation, la perte concernera chaque jour toutes les caractéristiques physiques jusqu’à ce que l’une d’elle tombe à 0.

Les points perdus ne pourront être récupéré qu’après une longue convalescence… bien plus longue que la période de jeûne forcée ! Le temps de récupération est laissé à l’appréciation du maître de jeu selon le rythme de vie du personnage, l’époque et l’assistance médicale dont il peut bénéficier.

La privation d’eau

L’être humain perd en moyenne 2,5 litres d’eau par jours dans sa transpiration, ses urines et en rejetant de la vapeur d’eau dans sa respiration. Cette perte nécessite une compensation indispensable en eau, le besoin étant donc de 2,5 litres quotidien. Par contre, la boisson n’est pas le seul moyen de s’hydrater, puisque les aliments disposent aussi de quantité non négligeables d’eau. La moyenne se situe donc à un besoin d’environ 2 litres d’eau. Ce besoin peut être augmenter en cas de forte chaleur (la sudation étant plus importante pour maintenir le corps à température).

Effets

Le personnage va se déshydrater, cette déshydratation va entraîner la soif, mais aussi, elle va très vite entraîner la perte de poids, des fièvres importantes.

Durée

La durée maximale de privation d’eau est de trois jours d’après les manuels de survie. Le record est détenu par l’ukrainien  Goltis qui a passé 14 jours sans absorber une goutte d’eau ni manger… il a perdu 20 kg après 40 jours de périple en mer.

Risques

… pour changer… la mort à très court terme !

En terme de règles

S’il ne peut pas s’hydrater et s’alimenter correctement, le personnage va subir une rapide déshydratation. Après 48h sans absorber d’eau, le personnage va commencer à ressentir une soif intense qui va commencer à le préoccuper plus qu’autre chose.

  • A partir de 48h, le personnage subit un malus de -10% dû à la déshydratation. De plus, le personnage devra réussir un test toutes les 6 heures de volonté ou de constitution (selon l’angle plus psychologique ou physique de la privation d’eau que vous souhaitez faire jouer, à adapter selon le jeu) et subir un malus de -10% cumulatif en cas d’échec du test.
  • A partir de 72h, le personnage subit un malus de -20% dû à la déshydratation (à cumuler avec les malus précédents). De plus, il devra réussir un test toutes les 3 heures de volonté ou de constitution et subir un malus de -10% cumulatif en cas d’échec du test.
  • A partir de 96h, le personnage subit un malus de -30% dû à la déshydratation (à cumuler avec les malus précédents). De plus, il devra réussir un test toutes les 3 heures de volonté ou de constitution et subir un malus de -10% cumulatif en cas d’échec du test. En cas d’échec d’un test, il doit retenter tout de suite un test de constitution, un échec symbolisera la mort du personnage.

Les paliers peuvent être réduit si le personnage se trouve dans un désert par exemple… pour récupérer de sa déshydratation, le personnage devra boire, chaque litre consommé lui fait regagné 10% sur son malus, par contre, il ne pourra pas regagner plus de 10% par heure… et il ne pourra pas boire plus de 6 litres d’eau dans une journée (à faire varier selon la déshydratation subie, la constitution du personnage…).

Ressources


Illustration : « Thorn Tree Sossusvlei Namib Desert Namibia Luca Galuzzi 2004a » by Luca Galuzzi (Lucag) – Photo taken by (Luca Galuzzi) * http://www.galuzzi.it. Licensed under CC BY-SA 2.5 via Commons

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